Nous aurait-on jeté un sort ?
Quand je prends ce petit chemin, tu choisis le grand boulevard.
Quand tu prends de l’altitude, je préfère redescendre.
Parfois, je tente un pas vers toi, mais tu recules.
Parfois, tu fais un pas vers moi, mais je t’ignore.
L’un reste aveugle quand l’autre s’illumine.
L’un gravite et s’approche quand l’autre s’éloigne.
Deux électrons libres qui ne peuvent fusionner,
deux étoiles qui ne peuvent briller en même temps,
deux fleurs qui ne peuvent éclore simultanément,
deux êtres damnés qui ne peuvent se connecter.
Désormais, il n y a plus le choix !
Laisse-moi construire ce mur, brique après brique.
Ça m’épuise mais plus rien ne m’arrêtera.
Plus personne ne doit pouvoir passer de l’autre côté.
Plus aucune flèche ne doit pouvoir m’atteindre.
Je dois cicatriser ces plaies qui ne se referment pas.
Je dois barricader mon coeur à double tour,
pour ne plus être cet écorché vif à fleur de peau.
Le lien sera rompu, le livre sera fermé.
Nous serons alors deux mondes invisibles,
deux étrangers qui ne ressentiront plus,
qui marcheront l’un à côté de l’autre sans un regard.
Ne restera alors que deux êtres remplis de glace et de froideur
qui ne se rendront plus compte qu’ils étaient pourtant faits l’un pour l’autre.
Ne restera alors que l’amertume et la solitude
et tous ces rêves tourmentés qui maudiront leurs nuits
avant de s’évanouir chaque matin.