Le givre matinal recouvre encore les prairies gelées de la vallée. Les premières lueurs rosées chassent peu à peu l’obscurité glaciale de la nuit. Le soleil se hisse péniblement au-dessus des sommets avant que ses tendres rayons ne dévoilent les nuances ocres de l’automne. Ils abreuvent mon visage d’une douce chaleur et le saupoudrent de tâches de rousseur. Radieux, ils réchauffent l’atmosphère et m’enivrent des senteurs de la terre.
Le paysage s’embrase et un vaste panaché de couleurs se déploie. La blancheur des cimes contraste avec le bleu azur du lac, le vert profond des arolles et le jaune flamboyant des mélèzes qui m’éblouissent de leur blondeur éphémère. Mes mains caressent leurs douces aiguilles dorées. Elles sont si légères qu’elles batifolent dans le vent comme de la neige, avant de se poser tout doucement. Elles tapissent le sol et parsèment le chemin de leur délicatesse. Mes yeux s’écarquillent, mon souffle est presque coupé par ce spectacle enflammé. Tous mes sens sont en émoi au milieu de cette forêt magique qui brille de mille feux.
Je poursuis mon ascension vers les frontières des glaciers. Là-haut, le spectacle est lunaire, aride et brut. Seules les herbes rousses côtoient encore les grands rochers abrupts. Les marmottes ont déjà débuté leur long sommeil alors que quelques rares chamois restent en éveil. Demain, la montagne va revêtir ses habits d’hiver pour de bon, avec son manteau blanc et ses milliers de flocons.